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Des Bretons en Grande Bretagne
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26 août 2020

Une grossesse en expat...

 

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Si partir vivre à l'étranger est une expérience forte et boulversante, y vivre une grossesse fut sans conteste un véritable tsunami.

Nous avons pu, au cours de ces derniers mois, réaliser à quel point, en France, nous sommes privilégiés et soutenus, contrairement à tout ce que la nature raleuse du français peut laisser imaginer ;-)

Dès que notre bébé s'est annoncé, nous avons immédiatement mesuré la différence dans le suivi de la grossesse. Ce n'est ni mieux, ni moins bien, c'est juste un tout autre point de vue dans l'accompagnement de la femme. Un suivi beaucoup plus light, assuré par une sage-femme, pas de rencontre avec un medecin si pas de souci, pas d'examen mensuel, des examens en laboratoires limités... bref un peu perturbant au début lorsque l'on est "formaté" à un suivi très médicalisé. Mais de ce que l'on a compris, la grossesse ici est vue comme un processus naturel, pour lequel le corps médical fait confiance à la première concernée pour prendre soin d'elle.  

A cette grosse différence "culturelle" s'est ajouté un adversaire de taille: le Covid! Et là, il faut avouer que l'équation grossesse en Angleterre + Covid a fait beaucoup de mal. J'ignore comment les choses ont été gérées en France, mais ici les sage-femme ne pouvaient plus recevoir de patient. Quatre longs mois sans consultation ni réel interlocuteur, ce fut rude et éprouvant. Heureusement les échographies étaient maintenues ( 12 et 20 semaines ici) mais sans possibilité pour le papa d'y assister. 2020 n'était, semble-t-il pas la meilleure année pour attendre un bébé!

Mais au final, les capacités d'adaptation de tout un chacun sont grandes et étonnantes. On apprend, on change de point de vue, on adapte notre fonctionnement et nos attentes à notre nouveau cadre de vie. Nous avons accepté les différences de suivi, les restrictions dues au Covid et finalement nous ne nous en sommes pas trop mal sortis.

 

Le plus difficile dans tout cette histoire, reste encore la barrière de la langue. Attendre un enfant est un grand chamboulement, même pour le 4ème! Parler de tout cela en anglais nous laisse vraiment à distance de nos interlocuteurs.

Même si je maitrise de mieux en mieux l'anglais et si ma formation médicale me permet d'être à peu près au fait de ce dont on me parle, rien n'est vraiment naturel. Car il y a alors la double complexité de comprendre une organisation totalement différente de ce que l'on connais et de la comprendre dans une autre langue! Mon cerveau est en ébullition afin d'être sûre de ne pas manquer d'informations dans le flot de paroles déversé. Dans ces conditions, on se concentre sur le discours, sans possibilité d'aller vraiment vers ce qui est essentiel. Comme si l'esprit était alors totalement fermé à toute dimension émotionelle. J'ai été étonnée de me sentir en permanence au bord des larmes lors de mes quelques consultations et d'en sortir épuisée nerveusement et moralement. Tout simplement parce que l'anglais ne me permet pas de parler sincèrement de mes émotions, de mon vécu et  de notre bébé. Il ne me permet pas de parler de ce qui est vraiment important pour me rassurer. 

Et cet aspect est devenu encore plus vrai lors des dernières semaines de suivi, lorsque nous avons été mis à rude épreuve avec des complications et des perspéctives plutôt stressantes. Comment dans cette langue qui n'est pas notre langue "émotionelle" trouver la possibilité de dire ce que l'on ressent? Comment être sûr que nous parviendrons à gérer les informations reçues, les consignes et le stress inhérent? Comment s'assurer que nous serons correctement compris si nous avons besoin de prendre de décisions importantes? 

Nous avons, pendant une grande partie de la grossese, nourrit l'espoir de rentrer en France pour donner naissance à notre bébé. Cela aurait grandement simplifié notre vécu de ce grand moment. Mais difficultés d'organisation, complexité financière et Covid ont rendu ce projet impossible.

Toutes ces questions grandissent donc à mesure que le grand jour approche. Je m'interroge alors sur les capacités que nous réussirons à mettre en oeuvre pour que la naissance de notre bébé et ses premiers jours à la maternité se passent le mieux possible... J'ai bien insisté lors de ma dernière consultation avec un médecin à ce qu'il soit indiqué dans  notre dossier que l'anglais n'était pas notre langue principale... Elle a parut étonnée que cela soit si important pour moi, me disant que mon niveau de compréhension et d'expression lui semblait tout à fait normal. Mais il faut réellement expérimenter la vie à l'étranger pour comprendre que le langage et la communication sont bien plus que de simples compétences linguistiques. 

J'avoue que tout cela m'a fait beaucoup réfléchir à l'importance des racines et de la langue maternelle. On a beau voyager, découvrir d'autres cultures, s'ouvrir au monde, dans les moments forts de notre vie, nous aurons toujours besoin de nous reposer sur ce qui nous rassure et ce qui se trouve intrinsèquement au fond de nous. 

Belle rentrée à tous et à très vite pour des nouvelles de notre British baby. 

Take care!

  

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Commentaires
H
Bonjour, j'ai découvert ton blog il y a peu et je l'ai lu en entier. Il m'intéresse beaucoup car j'ai vécu 10ans au Royaume-Uni avant d'atterrir en Bretagne en 2007. Mes 2 premières filles sont nées en Ecosse, la 3eme en France. J'ai aussi pu mesurer les différences de suivi entre les deux pays; personnellement j'ai préféré de loin l'approche britannique. Après, c'est vrai que le covid a dû bien compliquer les choses. Je te souhaite une belle rencontre avec ton bébé, j'espère fort que le langage ne sera pas un obstacle au moment de la naissance ( as-tu rédigé un projet de naissance, ça peut aider?).
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