Voilà 1 an que nous avons posé nos cartons et nos vies en Angleterre. Force est de constater que cette année fût riche et bouleversante!
Un des éléments décisifs de notre choix d'expatriation était de découvrir une autre façon d'enseigner et de vivre l'école.
Sur ce point il est évident que nous avons trouvé ce que nous espérions. Nous sommes conquis par l'école anglaise.
Il n'y a évidemment pas que du positif, au fil des années peut-être trouverons-nous des choses qui nous plaisent moins ou nous interrogent. Mais pour le moment, nos 3 enfants sont unanimes "l'école ici, c'est trop chouette!"
Je vais essayer de retranscrire ici ce que nous avons déjà compris de cette école si différente.
Nous avions déjà parlé de cela mais c'est probablement l'élément le plus marquant.
Les paroles que nous entendons ici ne sont qu'encourageantes et bienveillantes. On parle de compétences individuelles avant d'envisager des obligations d'apprentissage. L'erreur est reconnue comme source d'apprentissage et n'est donc pas un frein pour oser, expérimenter, proposer et réflechir.
Les encouragements du type well done, good job, you did so well, wonderful sont permanents... A tel point qu'Ysaline un jour nous a demandé s'ils le pensaient vraiment ou si c'étai juste pour faire plasir... A creuser!
Le plus impressionnant est de constater que les élèves entre eux, même très jeunes, sont capables de tenir ce discours.
Ainsi un après-midi, alors que j'avais quelques élèves de la classe de Mayeul en atelier d'écriture (5-6 ans) une petite fille était désolée d'avoir raté la lettre qu'elle venait d'écrire. Ce à quoi une autre petite fille lui a répondu le plus naturellement possible "mais c'est pas grave de rater, tu recommences..."
De nombreux apprentissages sont présentés de manière ludique. La méthode pour faire les divisions nous a un peu étonnés dans un premier temps, puis nous avons découvert le mur "rainbow writing" dans la classe de Mayeul, nous avons appris les chansons des prépositions...
Cela ne veut pas dire que les élèves font ce qu'ils veulent à l'école, bien au contraire.
Tous les mercredi après-midi j'allais aider dans la classe de Mayeul et j'ai toujours été épatée de voir avec quelle facilité le calme et l'ordre revenaient après un moment de liberté donné aux élèves. Une classe presque sans dessus-dessous durant un moment de jeu était rangée en quelques minutes dès que retentissait la musique du tidy-up time!
Lors de tous les évènements auxquels nous avons assisté, nous avons pu voir qu'il suffisait qu'un adulte commence à parler pour que le calme se fasse, avant même d'avoir à être demandé.
Je crois qu'il y a un réel respect mutuel entre les enfants et les adultes, peut-être est-ce une des raisons à autant de plaisir à vivre ensemble.
Comme dans Harry Potter, les élèves sont répartis en maisons: Pevensey, Arrendel, Bodiam et Bramber en primaire; Discovery, Pioneer, Voyager et Endehaviour au collège.
Ysaline et Mayeul sont tous deux en Pevensey et Salomé et Pioneer.
Ici aussi on fonctionne avec un système de House Points que les élèves gagnent en fonction de leur travail, de leur comportement mais aussi lors d'évènements plus importants (sportifs par exemple).
Nous avons trouvé plutôt sympathique qu'Ysaline et Mayeul soient dans la même maison. Animés par la même volonté de faire gagner des points à leur maison, il n'y avait ainsi pas de rivalité. En revanche nous venons d'apprendre que l'an prochain, Ysaline et Salomé ne seront pas dans la même maison. Espérons ne pas être témoins de luttes fratricides!
Comme nous l'avions dit dans une précédente newsletter, le sport occupe une place importante à l'école et au collège.
Tous les enfants ont une tenue de sport aux couleurs de l'école. Même les plus petits se changent lorsqu'ils vont faire leur séance de sport.
Pour Mayeul les séances sont restées "initiatiques" avec essentiellement des jeux d'équipe et de cohésion de groupe. En revanche, Salomé et Ysaline ont pu découvrir un grand nombre de sport: foot, rugby, gym, athlétisme, cricket, netball, lacrosse, dutchball...
Les écoles primaires se rencontrent souvent pour des évènements sportifs. Quelques élèves sont à chaque fois choisis pour aller défendre leur école. Ce ne sont pas toujours les mêmes, pas toujours les plus sportifs; c'est un savant mélange de motivation et de compétition à aller défendre la réputation de son école. Pour autant ces rencontres sont très agréables, les élèves se respectent et se félicitent à la fin des rencontres, il n'y a pas d'explosion de joie des gagnants qui pourraient blesser les perdants. L'adage "l'essentiel est de participer" est totalement appliqué.
Ysaline a ainsi pu participer à des rencontres de foot, de rugby et de gym. Elle est à chaque fois revenue heureuse de sa participation.
Beaucoup d'enfants font du sport en dehors de l'école (les enfants ici ont beaucoup d'activité extra-scolaires d'une manière générale): il n'est pas rare que l'école relaie les réussites et évènements marquants dans sa news-letter hebdomadaire.
"Sports Day", le big event de cette fin d'année!
Le 11 juillet, de 10h à 15h, tous les enfants de primaire ont participé à des jeux de groupe (pour ceux de Reception à Year 2) ou à des épreuves sportives. Les parents sont invités à soutenir les troupes, et si l'on en croit l'importance de la foule en bord de terrains, la majorité des famille doit s'organiser pour y assister. Le midi nous avons tous pique-niqué sur le field (dixit Mayeul).
Une belle journée ensoleillée, qui s'est terminée par la victoire des Pevensey. Autant dire que la joie fut à son comble pour nos 2 british qui terminaient leur première participation par une victoire!
Là aussi, nous en avions déjà parlé, mais l'apprentissage de la musique a toute sa place à l'école.
Certes, la présence d'une musicienne 2 jours/semaine est une vraie bénédiction. Toutes les classes bénéficient ainsi d'1 heure de musique avec chant et découverte des instruments.
Mrs M. est également présente lors des assemblées, ce qui permet à tous les enfants (14 classes) de chanter ensemble les chants appris séparément.
Dans l'école il y a également une chorale, à laquelle Ysaline a participé, et un petit orchestre. Chacun a pu se produire en public à différents moments de l'année.
Mais la musique est également dans les classes, à tous moments de la journée, pour différents objectifs. Musique pour se réveiller et se motiver le matin, musique pour accompagner des temps calmes, musique pour ranger la classe... Ysaline et Mayeul ont découvert un grand nombre de chansons, qu'ils ont partagé avec nous bien souvent, et surtout qui leur ont permis de progresser en anglais à toute vitesse.
L'école primaire et le collège sont également en étroite collaboration avec l'école de musique du comté. Les professeurs d'instruments interviennent directement sur place pour donner leurs cours. Nous voyons ainsi de nombreux enfants arriver le matin avec leur instrument sur le dos. Dans la journée, ils quitteront sans aucun souci leur classe pendant 20 ou 30 minutes, le temps de recevoir leur cours de musique. Unbelievable!
Ysaline n'a pas pu bénéficier de cette facilité car sa prof de harpe n'enseigne pas dans l'école du comté. Elle a malgré tout été invitée à de nombreuses reprise à venir jouer à l'école. Mayeul a débuté le violoncelle en avril et compte bien continuer. Salomé quant à elle a décidé de se mettre à la guitare, mais nous attendons toujours une place pour le moment.
Bon par contre, parler musique en Anglais est une réelle difficulté pour moi. Mon cerveau est absolument réfractaire à la gamme en A, B, C. Cela ne pose pas de soucis à Cyril qui jouait de la guitare durant sa jeunesse. Gageons que là aussi les enfants y parviendront bien plus facilement que moi!
C'est un fait indiscutable, les Anglais sont doués pour la fête et le spectacle.
Durant l'année, toutes les occasions furent bonnes pour encourager les enfants à créer, se déguiser, présenter leurs talents en classe. De nombreux spectacles ont été présentés: les year 1 ont présenté une pièce sur la nativité en décembre, les years 6 ont fait une pièce en mai pour nous parler de leur voyage sur l'Ile de Wight et un autre spectacle en juillet sur une intrigue au temps des Pharaons.
A chaque fois nous sommes bluffés par la qualité du jeu de scène, le choix des chansons, le dynamisme des enfants.
Il est évident que nous aurons encore l'occasion de nous régaler de ces prestations dans les années à venir.
Bon alors là, j'avoue, c'est LE sujet qui fache. L'apprentissage de l'écriture ici est vraiment particulier. Pour avoir fait quelques ateliers écritures avec la classe de Mayeul j'ai vraiment été étonnée de voir la façon de former les lettres et de les lier les unes aux autres.
Il semblerait que l'on n'en fasse pas le même enjeu qu'en France; à partir du moment où l'enfant sait écrire, cela convient.
Mais je trouve que cela va un peu plus loin. J'ai l'impression que c'est l'apprentissage du geste de l'écrit en lui même, la façon de tenir son crayon, le sens par lequel on commence une lettre qui soient bien moins strictes qu'en France. Après ma formation Montessori et la découverte de tous les gestes préparatoires au geste de l'écrit, cela me laisse vraiment songeuse...
En fait ici les enfants commencent l'école l'année de leur 5 ans. Et dès cette année de Reception ils entrent dans l'apprentissage de la lecture et de l'écriture. Sans préparation préalable, sauf pour ceux qui vont en pre-school. En France, les 3 années de maternelles préparent au geste, travaillent la motricité fine et la dextérité.
J'ai été vraiement étonnée de voir les positions diverses et variées que les enfants peuvent avoir pour tenir leur crayon, des ciseaux, un pinceau. Parfois même en year 6, dans la classe d'Ysaline!
J'ai eu l'occasion de discuter de cela avec l'une des institutrices de Mayeul; une discussion tout à fait courtoise sur les façons différentes d'appréhender les apprentissages dans nos pays respectifs. Selon elle l'écriture était beaucoup plus travaillée auparavant, mais les changements de programmes et d'objectis scolaires laissent désormais peu de temps à cette étape.
Bref, Mayeul écrit comme un petit anglais. Reste à savoir si sa mère va tenter de modifier les choses ou non (il y a débat parental! )
Les élèves de year 6 (=CM2) ont une place particulière à l'école.
Durant les 3 derniers mois il y a eu pour eux une multitude d'évènements leur permettant de se préparer à quitter le primaire pour partir vers le collège.
Livre souvenir, jumper "leavers 2019" avec les prénoms de tous les enfants, spectacle de fin d'année, barbecue... Autant d'évènements festifs qui ont fait de cette fin d'année une période des plus agréables pour Ysaline.
Notre demoiselle se prépare donc à partir pour le collège, entre stress et excitation!
Le choix du collège se fait un peu différement qu'en France. Dès septembre, nous avons dû faire part de notre choix au service du comté. Une commission se tenant en mars, a par la suite informé les familles des répartitions des élèves. En début d'année nous avions fait le choix d'inscrire Ysaline dans le même collège que Salomé, pour des raisons pratiques d'une part, mais aussi pour toutes les activités proposées pour le développement et l'épanouissement des élèves (musique, orchestre, sport, ferme...). Nous avons malheureusement appris plus tard que l'essentiel des élèves de l'école se rendent dans un autre collège de la ville. Seule 1 amie de sa classe actuelle sera dans le même collège. A un an de notre départ de Brest, qui avait été bien compliqué pour elle, nous nous préparons donc à un nouveau coup dur... Mais heureusement, Ysaline est suffisamment lucide et réfléchie pour se souvenir des raisons qui nous ont fait faire ce choix.
- GCSE (General Certificate of Secondary Education)
A la fin du collège (year 11, équivalent 2de en France) les élèves passent cet examen. L'enjeu est de taille car de leurs résultats dépendront les lycées auxquels ils auront accès et donc leurs études futures.
Dès la year 10 les élèves font le choix de 4 options, en plus des matières obligatoires (maths, anglais, sciences, sport et éducation civique). Bien qu'elle ne sache pas encore vers quelles études elle se dirige, Salomé a donc dû réfléchir stratégiquement à ses options.
Les 2 prochaines années seront donc consacrées à la préparation de cet examen. A la différence du brevet des collèges, toutes les matières y passent, avec parfois plusieurs épreuves pour une même matière.
Elle a passé cette année par anticipation les épreuves de français (listening, speaking, writing)
Ce sont des examens nationaux, test de niveaux standard, effectués en fin de Year 2 et Year 6. Les résultats de ces tests permettent un classement des écoles. Ainsi de nombreuses familles choisissent leur école en fonction des scores qui sont totalement publics.
Ysaline aurait normalement dû y participer. L'école a toutefois fait le choix de l'en dispenser car elle aurait été désavantagée au niveau des productions écrites en Anglais. (Peut-être aurait-elle fait baisser le score de l'école ;-))
Par contre Mayeul n'y échappera pas l'an prochain.
- Achievements - Assessments and Awards
Durant l'année, nous avons très peu vu de notes ou de résultats de contrôles.
En revanche, ces quelques mois d'apprentissages ont été ponctués de différentes récompenses plutôt gratifiantes.
Comme nous l'avions déjà expliqué les "certificate of achievements" viennent saluer un effort particulier ou des progrès réalsés par les élèves, en fonction de leur spécificité. Ainsi Mayeul en début d'année avait été félicité pour avoir réussi à ne plus avoir besoin de moi pour rentrer dans sa classe et Ysaline pour la première fois où elle avait osé lire son travail (en anglais!) devant sa classe.
Salomé a été nommé "student of the week" en début d'année pour ses efforts en anglais et "student of the month" en mai pour tous ses efforts fournis.
A la fin de chaque trimestre, pour Ysaline et Mayeul, nous avons reçu le golden book dans lequel apparaissent quelques-une des leurs productions, les commentaires de l'enseignant sur le trimestre et les objectifs pour le trimestre suivant.
La gold star a également permis à Ysaline et Mayeul d'être félicité en assemblée pour leur travail et leur comportement.
En cette fin d'année nous avons reçu les report pour chacun des enfants. Les seuls de l'année. Nous avons été stupéfaits de la quantité d'informations fournies dans ce document, témoignant d'une observation fine et poussée de chacun des élèves. Un vrai bonheur à lire!
Nous nous sommes assez vite faits au rythme anglais. Si le mercredi travaillé a été un peu perturbant au début, nous nous sommes vite rendu compte que les semaines n'en étaient que plus sereines. Les journées sont moins longues et laissent donc tout le temps de vaquer à d'autres occupation après 15h30. De plus les journées semblent plus fluides sans la longue pause méridienne (40 minutes pour Salomé, 1h pour Ysaline et Mayeul). Au final les semaines comptent à peu près autant d'heures qu'en France mais il est évident que nous les vivons avec nettement moins de stress.
En revanche il est évident que ce rythme scolaire a de nombreuses répercussions sur les organisations familiales et professionnelles. Sans famille pour aider, il est quasiment impossible que les 2 parents travaillent à temps plein. Surtout lorsque l'un des 2 travaille tous les jours à Londres!
En Angleterre les vacances d'été ne sont pas la grosse coupure telle que nous la vivons en France. Déjà les vacances sont moins longues (pour rappel, fin des classes le 23 juillet).
De plus la rentrée est déjà préparée dès la fin du mois de juin. Dans notre école (je sais que ça n'est pas le cas partout) le groupe-classe reste le même de la reception à year 6. Mayeul aura donc à peu près les mêmes amis dans sa classe, sauf mouvements de famille. Nous savons depuis la fin du mois de juin quelles seront ses institutrices en septembre; les élèves ont commencé à faire quelques immersions dans leur future classe.
Ysaline a effectué sa pré-rentré au collège début juillet et connait d'ores et déjà son tuteur et son groupe de tutorat.
Salomé a un programme de travail en sciences, maths et espagnol pour attaquer dès septembre les préparation de GCSE. Autant dire que ce dernier élément l'a fait grincer des dents!
Bref, vous l'avez compris, nous sommes enchantés du système scolaire que nous avons trouvé ici.
Mais bizarrement, nous n'arrivons pas encore totalement à expliquer pourquoi tout est si différent. Qu'est-ce qui fait que tout à l'air plus simple et évident pour les enseignants? La bienveillance est avant tout une qualité personnelle et je pense qu'il y a des enseignants bienveillants partout. Mais il semblerait que l'institution soit ici facilitante. Nous n'avons pas encore compris les subtilités de gouvernance et de pouvoirs politiques, peut-être serait-ce un début d'explication, à creuser.
Les moyens alloués à l'enseignements semblent différents; quand on voit le nombre de personne gravitant dans l'école, permettant d'accorder des temps en petits groupes à chacun, en fonction de leurs besoins, on se dit qu'on tient l'essentiel: la possibilité d'accueillir l'enfant dans sa spécificité et son individualité.
Depuis le mois de février j'effectue des remplacements dans une halte-garderie. Mes collègues sont charmantes mais de nombreuses choses me posent question quant à la façon dont on s'occupe des jeunes enfants. Alimentation, motricité libre, gestion de la séparation sont autant de notions que je n'ai pas encore réussi à comprendre ici.
Je suis malheureusement obligée de me plier aux habitudes locales, non sans grincements de dents je l'avoue. Mais mon positionnement actuel ne me permet absolument pas de discuter de tout cela. Je manque également encore cruellement de vocabulaire pour pouvoir débattre de mes idées.
En revanche les ratios et taux d'encadrement anglais feraient pâlir d'envie mes collègues brestoises. Par sympathie, je me garderai donc de les écrire ici ;-)
J'ai encore du boulot avant de comprendre la réalité de terrain. La prise en charge du jeune enfant est clairement culturelle; mes repères sont perturbés. Mais c'est aussi tout l'intérêt de cette découverte!
Depuis le mois de septembre je prends des cours d'Anglais pour préparer le Cambridge Certificate. Speaking, listening, writing...verdict dans 2 mois!
Cyril et moi avons également pris des cours particuliers pour tenter de comprendre les subtilités de la conjugaison anglaise... Il faut avouer que cela semblait bien plus simple quand nous étions au lycée.
Mais il est intéressant de voir le nombre de questions que l'on se pose lorsque l'on appréhende une langue par le versant de sa grammaire. Il y a quelques semaines, en discutant avec une maman dans la cours de l'école je lui expliquais que nous venions de voir les 4 formes du conditionnel. Ce à quoi elle m'a répondu "oh, you should learn me English!".
Je fais le parallèle avec les cours de Français par correspondance d'Ysaline quand je galère à lui expliquer les propositions subordonnées relatives et conjonctives ou le conditionnel présent et passé...
Bref, il vaut mieux certainement parler une langue avant d'essayer d'en comprendre ses subtilités. Les enfants auront la chance de savoir parler anglais sans vraiment avoir à l'apprendre. En attendant, nous, pauvres parents dont le cerveau n'est plus vraiment absorbant, nous accrochons!
Alors nos 3 petits British en herbe ne sont pas encore totalement bilingues mais l'année prochaine devrait être décisive.
Mayeul se débrouille totalement en classe. Ses instits nous ont dit être impressionnées par ses progrès tout au long de l'année. Il suit en classe sans souci, parle de mieux en mieux et commence à manier la conjugaison sans se poser trop de questions. Ce qui est impressionnant à cette âge c'est que son cerveau en pleine ébullition s'imprègne de tout ce qu'il entend, vocabulaire, prononciations, phrasal verbs et idiomes sont autant de notions qu'il n'aura pas vraiment besoin d'apprendre. Comme il le dit si bien, "c'est trop facile l'anglais"! Fort de cette expérience il nous a demandé à s'inscrire au club d'espagnol l'an prochain.
Ysaline qui est arrivée sans parler anglais suit elle aussi totalement en classe. Elle aura certainement un peu de soutien l'an prochain pour progresser en grammaire et conjugaison mais elle ne devrait pas avoir de soucis à suivre ses cours au collège. Elle s'est fait des amis, elle a retrouvé la joie de vivre que notre déménagement avait un peu mis en sourdine.
Salomé a elle aussi énormément progressé. Les commentaires de ses professeurs en cette fin d'année sont plutôt élogieux à ce sujet. Elle va désormais devoir progresser à l'écrit pour répondre aux exigences qui seront attendues d'elles pour ses GCSE. Nous espérons également qu'elle gagnera en confiance pour prendre part à plus d'activités extra scolaires et s'épanouir un peu plus avec les autres jeunes de son âge, ce qui est plutôt son point faible.
Cette première expérience d'enseignement fut très intéressante. J'apprends autant des élèves que j'essaye de leur en apprendre. Cela me force à puiser dans différentes ressources et je trouve très intéressant d'essayer d'expliquer notre langue et ses rouages. Cette année j'etais accompagnée par une maman de l'un des élèves qui m'aidait à traduire ce que j'expliquais.
La bonne nouvelle est que l'école m'a demandé si je voulais continuer l'année prochain. La 2ème bonne nouvelle est que dorénavant, j'aurai une compensation financière pour ce travail. L'été sera donc studieux pour me préparer au mieux pour la rentrée.
En arrivant en Angleterre, nous avons été plongés dans un monde à la mentalité très différente de la nôtre. Étrange pour 2 pays qui ne sont pourtant séparés que par un brin de mer...
La religion par exemple ne représente pas du tout le même élément de tension qu'en France. On croise ici des personnes de confessions différentes qui peuvent sans aucun souci porter le voile, un turban ou une croix sur une chaîne.
Nous avons d'ailleurs été étonnés de voir que la confession est renseignée dans de nombreux documents: formulaire scolaire, questionnaire lors d'un entretien d'embauche..
De même, les orientations sexuelles sont assumées et respectées. Au cours de l'année Salomé a eu de nombreuses discussions en vie de classe sur ces sujets qui font tant débat en France. La marche des fiertés par exemple s'est affichée dans de nombreuses places et le ruban arc-en-ciel de la ligue LGBTQ s'affiche déjà sur quelques blazer au collège.
Une ouverture d'esprit qui entraîne bien des discussions et réflexions familiales!
A coté de cela, certaines attitudes nous ont étonnées lorsque venait le sujet de l'euro par exemple, de la conduite à gauche ou de la difficulté à faire entrer le système métrique international dans les moeurs...
Bref il y a encore tant de choses à comprendre ici!
S'il y a bien une chose que nous retenons de cette première année en Angleterre, c'est que tourisme et expat sont des modes de vie totalement différents. Nous avons voyagé 9 mois en voilier à la découverte de nouveaux mondes. Cela était grisant, sans cesse en mouvement. Sans vraiment nous poser nous avions tout juste le temps de découvrir les beautés que les îles visitées avaient à nous offrir. Nous avons eu également la chance de vivre cette aventure entourés d'amis qui vivaient la même chose que nous et qui ont fait de ce voyage une aventure humaine à part entière.
S'installer dans un pays, découvrir sa culture, comprendre son fonctionnement est totalement différent. C'est une découverte qui demande du temps et de la patience. Cela implique de faire l'effort d'aller vers les autres si l'on ne veut pas rester isolé. Les gens qui vivent ici ont leur vie et à part quelques rares exception il est évident que c'est à nous de provoquer les rencontres si nous voulons qu'il y en ait.
Il va sans dire mais cela implique également d'accepter de changer ses repères. Ce qui nous semble évident dans notre pays en terme d'éducation et de scolarité par exemple n'est plus nécessairement vrai ailleurs. Il faut donc savoir lâcher prise, accepter de ne plus tout maitriser, ce qui avouons-le est un vrai challenge personnel! Assister à une réunion à l'école sans en comprendre la moitié en est un bel exemple!
Mais relativisons; Salomé ne passera jamais son brevet des collèges, soit. Elle n'aura peut-etre même jamais son baccalauréat si notre expat se prolonge. Mayeul n'apprendra peut-être jamais la grammaire française dans les règles de l'art, soit. En soit est-ce si important? Non c'est certain. Néanmoins cet état d'esprit nous oblige à réfléchir à ce qui est vraiment nécessaire pour la vie future de nos enfants.
Être expat dans un pays implique également d'être novice, culturellement parlant. Cela peut sembler évident que lorsque l'on change de pays, on change de culture. Mais il faut comprendre ce que cela implique. Cela veut dire que dans n'importe quelle discussion, émission, blagues, références, allusion, on est forcément largués. On peut comprendre textuellement ce qui est dit, mais cela ne viendra faire écho à aucun souvenir commun ou partagé par les natifs de ce pays. Je ne sais pas combien d'année il faut pour partager cela, je ne sais même pas si c'est quelque chose que l'on peut vraiment atteindre. C'est quelque chose de tellement inconscient... La culture collective, les références ne s'apprennent pas je pense, on s'en imprègne peut-être au fil des années et des partages...
.
* En mars alors que nous suivions les débats du Brexit sur BBC Parlement, Mayeul (plutôt dans une logique d'Europe à l'échelle des continents) s'est inquiété "Mais comment ils vont faire pour décrocher l'Angleterre de l'Europe?".
* Un matin d'avril, alors que j'allais le réveiller de ma plus douce voix Mayeul m'a répondu "Maman, ne me parle pas français, je n'aime plus ce son!"...
* Tout au long de l'année Mayeul a dû apprendre à lire et écrire des listes de mots. Il a ainsi pu à de nombreuses reprises corriger ma prononciation:
"On dit both maman - Both? - Non, both! Pfft, tu sais pas le dire!"
D'où l'intéret de mes cours d'Anglais! Mais notre prof nous a dit que les anglais trouvaient l'accent des français très sexy, alors il ne faut peut-etre pas trop nous corriger!
* En mai alors qu'Ysaline s'apprétait à partir en voyage scolaire sur l'Ile de Wight, j'ai discuté quelques minutes avec son instit, m'inquiétant de la laisser partir sans aide pour traduire (à l'ecole elle avait accès à une tablette si besoin). Ce à quoi son instit ma répondu le plus naturellement possible "mais Madame, Ysaline parle très bien anglais et me comprend parfaitement"... Pour info, le demoiselle n'a pas encore daigné parler anglais devant nous!
* * * * * * * * *
Voilà, c'est la fin de cette loooongue news letter. Il y a tant à dire en fait. Bravo à vous donc si vous êtes arrivés jusqu'à la fin.
Désormais place aux vacances et en route pour 3- 4 semaines en France!
A très vite pour la suite de nos aventures in UK.